Mais cesserez-vous bien de tousser ! Les rires, les applaudissements, les
bâillements, passe encore. Mais cette contagion-là, comme si l’humilité était
une faute de goût, comme si le théâtre n’était qu’un espace d’ostentation
personnelle, comme si la scène n’était que prétexte à la salle... Vous ne
voudriez pas quitter les lieux et vous en aller mourir, plutôt ?
On demande à Binh-Dû s’il s’aime et il entreprend de répondre
sérieusement, non mais oui quand même, ça dépend. (« On » n’est pas
n’importe qui.) Plus Binh-Dû s’énerve contre ses contemporains de race humaine,
moins il est enclin à se pardonner d’être des leurs. Identité qui n’est pas si
évidente d’ailleurs, tant il revêt souvent la peau de l’ours.
Qu’on leur donne de bonnes raisons de tousser, et à moi des coups de
bâton, ronchonnerait-il encore. Binh-Dû ces jours-là cesse d’être Binh-Dû mais
il se souvient de son nom, c’est sa voie de salvation. Il dormira plus
longtemps, il remontera plus loin dans les étoiles, il se secouera les grelots
et reviendra calmé, ses pouces formant cercle à chaque main.