Ses chaussettes, Binh-Dû se prend les pieds
dedans, il aurait mieux fait d’aller se recoucher. Contre un montant du lit se
cogne et trébuche. Ensuite, il ne sait plus. Sans doute a-t-il rêvé.
« C’est ainsi que tu me quittes ? » pleurnichait-il, aussi peu
séduisant que possible et sans doute était-ce le but. Devenir responsable de ce
que l’on subit, donner du sens malin à son échec. Il aurait aimé toutefois obtenir
une réponse mais il n’y avait personne.
Certains visages défaits ne seront jamais
observés que dans des miroirs, et encore, très vite on détournera les yeux.
Même, le remède miraculeux consiste parfois à élever d’un cran le mal – car à
quoi bon souffrir médiocrement ? Le mal n’est pas si mal, pas
nécessairement, qu’on pense à une poignée de céréales flottant dans un bol de
lait de soja à peine périmé.
Et une cuillerée de miel par-dessus. Qu’on
pense au plaisir éprouvé à écraser un insecte vrombissant ayant eu l’aplomb de
se poser sur le dos de notre main, et l’ouvrier à la perceuse matinale on lui
ferait bien passer le goût de vriller nos rêves (si désolés soient-ils).
Binh-Dû se réveille chez lui, il
aurait pu (en) être autrement mais on ne sait jamais à quoi s’en tenir avec ces
pronoms, c’est comme de dire « il pleut ».