La souplesse mariée à la puissance, s’y croire, météore dans la ville asphalte. Les yeux plissés face aux reflets multicolores, ne voir que la vitesse. Glisser comme le font les mutants de la nouvelle génération, mais ce sont leurs doigts qui, plus que tout autre partie du corps, sont agiles. Binh-Dû a encore des jambes, et ses tennis à semelle noire rebondissent sur le macadam.
C’est que le temps manque à force d’accentuer la relativité, une année nouvelle représente la totalité d’une vie de bébé mais un pour cent seulement de celle d’un centenaire. Ne pourrait-on plutôt concevoir la liberté de se situer où bon nous semble dans l’intervalle ? (Afin de moins se sentir vieillir, Binh-Dû tente de n’être plus qu’un seul chiffre, celui des unités.)
Il sera bien temps de dormir une heure de plus lors du prochain passage à l’heure d’hiver. C’est une journée qui marque davantage que la nouvelle saison, les élévateurs disposent les éclairages de Noël au-dessus des vitrines. Ou comment se hâter de mourir, impatients que nous sommes. Binh-Dû entend bien quant à lui désinscrire ses rides de fatigue.