« Tu sais qu’est-ce que je pense à elle tous les jours », promet la dame sous sa capuche, le point d’interrogation flotte dans le doute. « Hurle moins fort ! » une mère admoneste son enfant, ce qui laisse tout autant perplexe. Binh-Dû reprend ses esprits à la vue d’un goéland prenant un bain de palmes dans une flaque. Puis d’une énorme araignée sur le mur de l’église, entre les ex-voto.
Le soleil n’éclaire que l’horizon. Le soleil illumine l’horizon telle une annonciation. Car l’horizon se rapproche. Les raz-de-marée arrivent ainsi, la jambe de Binh-Dû trempée la veille s’en souvient. Trois silhouettes sur fond d’écume blanche, dont l’une n’est peut-être pas un cormoran, surveillent l’avancée des vagues. Les rochers déchiquetés se suffisent à eux-mêmes.
Binh-Dû est amoureux. Paf ! Une apparition. Deux secondes à sa rencontre, au détour du sentier côtier entre Kergoaler et Kergouannou (oui, c’est vous, contactez-moi !). Auparavant, il ignorait que manquait à son expérience le coup de foudre. Ce n’était donc pas seulement première impression très favorable réclamant élaboration ultérieure et modération de raison ?
La mer crépite comme un orage, la mer, cette acharnée, voudrait bouffer du rocher. Elle envoie dans les airs des phosphorescences mêlées d’algues pourpres. La nuit tombe ainsi que décroît la probabilité de recroiser l’amour (sans être cette fois pris au dépourvu). Binh-Dû, si respectueux de son erre et des mouvements déliés, est-il fondé à regretter sa propre fugacité ?