vendredi 12 juillet 2019

12 janvier


Que fait le boucher, rit-il également ? Le silence pour la plupart des gens n’est pas un prérequis, et nous ne savons plus avec évidence distinguer le chant du rossignol de celui du merle. Tant qu’il y aura des arbres en ville, la nuit… Tu as quitté l’île et tu le regrettes déjà ; la réalité, est-ce cela : des histoires de travailleurs, des sursauts de désir épuisé ou exaspéré, des désolations individuelles choquées dans la multitude ? D’invisibles accumulations aux yeux qui ne voient plus ? Ce qui t’apporte de la joie questionne la nature de ta joie. La poussière elle-même n’est pas exclue ; non plus que les scénarios désastreux. Contenus par des enclos de barrières métalliques, les sapins décharnés exposent au regard des enfants leur déchéance, y a-t-il un père Noël pour tolérer cela ? Y a-t-il un danseur pour slalomer entre les épines et déraper sur de la fausse neige et des déchets de polystyrène ? Tu dis Pardonne-moi, mes tendons sont blessés et mon âme à mi-hauteur seulement de la beauté de la tienne, tu dis Je viens de voir un chat écrasé dans la rue et je n’ai pas su quelle émotion me traversait, tu dis Je ne peux m’empêcher de craindre qu’une seconde de patience soit une seconde gâchée, et elle te répond : « Ne t’inquiète pas, je connais la grandeur de ton urgence ». Alors tu ris comme un boucher ou un bibliothécaire et tu n’ajoutes pas de dernier mot.