vendredi 19 juillet 2019

19 janvier


           Encore une cinquantaine de fois, monsieur le bourreau ? S’il vous plaît. Sentir le choc au cœur lorsque l’horizon d’un coup se dévoile. Avancer lentement sur la dune, vers la mer. Embrasser le ciel immense, les nuages, la couleur des vagues. S’asseoir. Regarder regarder sentir respirer respirer encore regarder avaler le paysage tout entier. Goûter ce qui d’éternité était souvenir, la plage, la mer, le ciel et l’horizon. La beauté de cette ligne, sa courbure légère, la paix. Rêver assis, s’émouvoir. S’élever, s’agrandir. Aimer.
           On ne lit pas au pied des éoliennes. Ce n’est pas vrai. Au pied des éoliennes on ramasse des cadavres d’oiseaux coupés dont le chant aura été couvert par le bruit sourd des pales. On ne navigue pas entre les éoliennes. Ce n’est pas vrai. On y vomit nos rêves d’évasion et nos ultimes espérances. On ne sauve pas la planète avec des éoliennes. Ce n’est pas vrai. On achève de la saturer d’électricité superflue. Lire était contempler, tu te souviens. Lire, c’était goûter l’horizon. C’était vivre. Et la lame assassine tranche le cou du monde.