Car il
n’est pas de destination finale pour le vagabond, ou plutôt toute destination
est transitoire. Même l’ultime, de toute éternité, il n’y a plus de peur, juste
une gangue de crasse. Il y a des saisons, des tours et des châteaux. Des
courants d’air. Le froid aiguise prématurément d’irrécupérables souvenirs.
Sur
l’île, les tours sont en ruine, seuls des oiseaux y nichent. Pas un chat. Et il
fait chaud, le sentier qui redescend vers la plage n’est peut-être pas celui
que tu as tracé en arrivant, tu cherches en vain des empreintes de pas. Tu
cherches la confirmation qu’il s’agit bien d’une île et non d’un continent. Tu
cherches et ne cherches pas Alma.
Les
guenilles sur ta peau, tachées de sel se lavent au sel. Au moins la mer
n’est-elle pas un lac. Une frégate fondant du haut du ciel te confond avec un
animal mort, tu dois crier. Tu dois t’encourager. Qui d’autre, sinon ? Ta
main dessine un corps friable, tu respires dans le creux de ton aisselle. Tu
lèches tes lèvres craquelées. Tu ne te vois pas.