dimanche 7 juillet 2019

7 janvier


                Et le ciel ? Il est uniformément bleu, sans nuages, sans même les traînées de condensation que laissaient derrière eux les avions. Il est trop bleu, il tire sur le blanc, ne devrait-il pas y avoir des nuages au-dessus des terres, qui annoncent celles-ci aux navigateurs ? Il a bien fallu que Binh-Dû se dirige vers l’île avant que d’y accoster, s’en était-il seulement remis au vent et aux courants ?
                La nuit le ciel reprend vie, parsemé d’étoiles. Sous leur lumière la plage semble avoir changé de consistance, à en manger du sable. Nulle empreinte de pas ne le souille, c’est heureux, bien que la possibilité de la folie s’accroisse. Saupoudrage halluciné du scintillement, l’œil pourtant est attiré par une nuée oblique, lactée, comme un bourrelet cicatriciel doux au toucher.
                Alma vit-elle également dans la solitude, quelque part ? A-t-elle trouvé où dormir et comment se préserver du froid ? Binh-Dû frissonne dans les vêtements légers qui lui collent à la peau. Il creuse un trou dans le sable mais cela ne va pas, la lumière est trop froide, il monte vers les arbres chercher de la mousse et des feuilles sous lesquelles s’enfouir.