Et le
ciel ? Il est uniformément bleu, sans nuages, sans même les traînées de
condensation que laissaient derrière eux les avions. Il est trop bleu, il tire
sur le blanc, ne devrait-il pas y avoir des nuages au-dessus des terres, qui
annoncent celles-ci aux navigateurs ? Il a bien fallu que Binh-Dû se
dirige vers l’île avant que d’y accoster, s’en était-il seulement remis au vent
et aux courants ?
La nuit
le ciel reprend vie, parsemé d’étoiles. Sous leur lumière la plage semble avoir
changé de consistance, à en manger du sable. Nulle empreinte de pas ne le
souille, c’est heureux, bien que la possibilité de la folie s’accroisse.
Saupoudrage halluciné du scintillement, l’œil pourtant est attiré par une nuée
oblique, lactée, comme un bourrelet cicatriciel doux au toucher.
Alma
vit-elle également dans la solitude, quelque part ? A-t-elle trouvé où
dormir et comment se préserver du froid ? Binh-Dû frissonne dans les
vêtements légers qui lui collent à la peau. Il creuse un trou dans le sable
mais cela ne va pas, la lumière est trop froide, il monte vers les arbres
chercher de la mousse et des feuilles sous lesquelles s’enfouir.