La
cohérence est un serpent de mer. Elle est comme une honte, qu’on peut passer sa
vie à ignorer. Pour la connaître il faut se risquer sur les flots, partir au
loin en sachant que si le soleil brille bientôt la tempête soufflera.
Mais
pourquoi faire cela ? N’a-t-on pas déjà suffisamment à faire avec les
lombrics du jardin potager ? Et ne sont-ils pas dignes de considération
eux aussi, et même davantage, ne produisent-ils pas le compost du
quotidien ?
Le
serpent de mer est la question de tes rêves. Et tu t’aperçois que ta cohérence
repose sur le manque de foi. Tu n’y crois pas vraiment. D’ailleurs tu n’as
aucune envie de partir affronter des monstres, tu aspires à la sérénité.
Si tu
décidais de t’en aller courir le vaste monde, ton héroïsme consisterait à ne
jamais quitter le bord. Au fond tu es un trouillard ! Voilà que tu ris
d’avoir au port démasqué la honte, tu es prêt, enfin, à hisser voiles et
pavillon.