Jusqu’au jour où ton chemin croise ou recroise celui d’un
être sincère, généreux, poétique, et tu n’en crois pas ton cœur – il bat !
– et tu ne sais pas quoi faire, une forme de panique t’enveloppe comme du
papier-bulle, comme si c’était toi soudain qui étais l’objet précieux, l’objet
fragile, le cadeau destiné, mais non c’est l’autre qui te regarde depuis des
profondeurs à peine soupçonnées, peut-être espérais-tu qu’un tel moment se
produise alors que tu étais toi-même empêtré dans ta naïveté, une innocence
dont tu te souviens confusément, à l’époque tu aurais pu devenir celle ou celui
que tu aurais rencontré, avec un peu de chance, un supplément de ténacité, tu
aurais pu si seulement tu avais pu – être semblable au meilleur de toi –,
aujourd’hui tu dérives de celui que tu étais hier encore et qui se foutait de
tout, il va falloir que se ressoudent quelques os de convenance, que se
cicatrisent quelques manières mal cousues jadis, tu ne comprends pas bien quel
est l’enjeu sauf qu’il n’a jamais été aussi élevé, est-ce encore de ta vie
qu’il est question ou sommes-nous – quoi que ce nous puisse signifier – en présence d’une toute nouvelle
urgence ?