Chercher
la conscience à sa source ne peut pas être une pensée, mais un vécu total. (…)
Certes, cette conscience est encore ressentie comme : "je suis
moi". Vous ne perdez pas encore les points d’appui habituels. Vous
affermissez la présence à soi-même mais à un niveau beaucoup plus profond et
beaucoup plus silencieux. C’est un « je suis » qui implique à la fois
la pensée, le sentiment et la sensation. Vous allez vers une réalité d’être,
toujours présente en vous, à la source de vos états conditionnés et de vos
identifications. Et si vous êtes bien centré dans ce "je suis",
vous reconnaissez que ce "je suis", même très pur, est encore
limité. Je suis moi, c’est toujours un "je suis" individualisé. Moi
à un niveau beaucoup plus profond, plus réel, mais ce n’est pas encore une
conscience dans laquelle le moi, l’individualité limitée a disparu, même si ce
moi est devenu très pur.
Vous
pouvez sentir que vous aspirez à passer encore au-delà, à être libéré de ce moi
à partir duquel naissent tous les désirs, toutes les peurs, l’insatisfaction,
l’incomplétude, la frustration. Si même ce moi purifié pouvait s’effacer, toute
limite et toute finitude s’effaceraient aussi. Seule règnerait la conscience
pure, et cette conscience, elle, est béatitude infinie. Votre démarche est donc
d’abord une affirmation puis un effacement, une présence puis une absence. Plus
la conscience qui dit "moi" s’éteint, plus vous vous retrouvez,
comme si vous vous étiez d’abord perdu.
Arnaud
Desjardins (in Approches de la méditation)