lundi 20 avril 2020

Attentives #8

     Chercher la conscience à sa source ne peut pas être une pensée, mais un vécu total. (…) Certes, cette conscience est encore ressentie comme : "je suis moi". Vous ne perdez pas encore les points d’appui habituels. Vous affermissez la présence à soi-même mais à un niveau beaucoup plus profond et beaucoup plus silencieux. C’est un « je suis » qui implique à la fois la pensée, le sentiment et la sensation. Vous allez vers une réalité d’être, toujours présente en vous, à la source de vos états conditionnés et de vos identifications. Et si vous êtes bien centré dans ce "je suis", vous reconnaissez que ce "je suis", même très pur, est encore limité. Je suis moi, c’est toujours un "je suis" individualisé. Moi à un niveau beaucoup plus profond, plus réel, mais ce n’est pas encore une conscience dans laquelle le moi, l’individualité limitée a disparu, même si ce moi est devenu très pur.
     Vous pouvez sentir que vous aspirez à passer encore au-delà, à être libéré de ce moi à partir duquel naissent tous les désirs, toutes les peurs, l’insatisfaction, l’incomplétude, la frustration. Si même ce moi purifié pouvait s’effacer, toute limite et toute finitude s’effaceraient aussi. Seule règnerait la conscience pure, et cette conscience, elle, est béatitude infinie. Votre démarche est donc d’abord une affirmation puis un effacement, une présence puis une absence. Plus la conscience qui dit "moi" s’éteint, plus vous vous retrouvez, comme si vous vous étiez d’abord perdu.

Arnaud Desjardins (in Approches de la méditation)