vendredi 3 avril 2020

l'extase attendait dans un chemin creux


 3 juillet

L’extase attendait dans un chemin creux tenant lieu de dépotoir, à quelques mètres d’une route départementale très fréquentée. Seul, tu observais le dessous des feuilles d’un frêne, les jeux de lumière, tu écoutais le chant d’oiseaux qui avaient choisi de bâtir leur nid ici plutôt qu’au sein d’une forêt plus paisible. Y a-t-il une définition extérieure de la paix ?

L’aigreur revint très vite, à peine modérée : les gens ne sont laids que parce qu’ils sont vulgaires. Mais Dieu qu’ils sont laids, face à la mer ! Et que ne soient pas épargnés ceux qui t’approuvent en déplorant l’instauration en 1936 des congés payés. Ceux-là puent encore plus avec leurs airs raffinés, leurs accessoires griffés, leur science du hâle de bon teint.
Mais alors, qui épargner ? Il y a des exceptions. Et chaque arbre, du fait de son insistance, serait remarquable. Finis-tu juste de formuler quand, sur la rive opposée, se met en branle une tronçonneuse. Tu marches à présent au bord d’un fleuve qui remonte dans les terres, mille boucles d’espérance comme autant de tentatives, mille méandres méditatifs.
Chaque arbre est remarquable à l’opposé du déjà-vu. Ce qu’il fallait démontrer ? Huit jours pour en arriver là ? Chaque arbre est remarquable, digne d’être épargné. Chaque homme est un arbre. Chaque homme, digne d’être épargné ? Eh bien non, justement. Chercher l’erreur. Une erreur qui ne serait pas toi – pour changer – ni d’autres innocents.