3 juillet
L’extase attendait dans un chemin creux
tenant lieu de dépotoir, à quelques mètres d’une route départementale très
fréquentée. Seul, tu observais le dessous des feuilles d’un frêne, les jeux de
lumière, tu écoutais le chant d’oiseaux qui avaient choisi de bâtir leur nid
ici plutôt qu’au sein d’une forêt plus paisible. Y a-t-il une définition
extérieure de la paix ?
L’aigreur revint très vite, à peine
modérée : les gens ne sont laids que parce qu’ils sont vulgaires. Mais Dieu
qu’ils sont laids, face à la mer ! Et que ne soient pas épargnés ceux qui
t’approuvent en déplorant l’instauration en 1936 des congés payés. Ceux-là
puent encore plus avec leurs airs raffinés, leurs accessoires griffés, leur
science du hâle de bon teint.
Mais alors, qui épargner ? Il y a
des exceptions. Et chaque arbre, du fait de son insistance,
serait remarquable. Finis-tu juste de formuler quand, sur la rive opposée,
se met en branle une tronçonneuse. Tu marches à présent au bord d’un fleuve
qui remonte dans les terres, mille boucles d’espérance comme autant de
tentatives, mille méandres méditatifs.
Chaque
arbre est remarquable à l’opposé du déjà-vu. Ce qu’il fallait démontrer ? Huit jours pour en arriver là ?
Chaque arbre est remarquable, digne d’être épargné. Chaque homme est un arbre. Chaque homme, digne d’être
épargné ? Eh bien non, justement. Chercher l’erreur. Une erreur qui ne
serait pas toi – pour changer – ni d’autres innocents.