mercredi 1 avril 2020

aurais-tu besoin d'un stimulant en présence du sable blanc ?


1er juillet

Aurais-tu besoin d’un stimulant en présence du sable blanc, du bleu ciel et de la mer émeraude ? Pilule pro-érectile ou anti-dépressive ? Serait-ce interchangeable ?
Et un nudiste muni d’un détecteur de métaux, ça dit quoi ? Forcément ça dit quelque chose… En tongs ! Avec une montre-bracelet en argent ! Un piercing au prépuce ?!
Il semble que le dernier chic des cafetiers bretons soit de prendre les commandes avec l’accent marseillais. Y aurait-il un lien avec la recrudescence de nudistes radio-actifs ?
Le dernier outrage des publicitaires est de vous obliger à entendre une volée d’annonces quand vous vous servez en essence. Bientôt un bracelet de serrage couplé au pistolet pour vous empêcher de raccrocher ou de vous boucher les deux oreilles avant la fin du plein de réclames. (Bientôt, d’essence il n’y aura plus, ni de surconsommation, ni d’humanité sur ce qu’il restera de planète.)
« Il fait trop frais, dommage », disait-elle au seuil de la basilique, avant de retourner dans l’étuve du dehors. « Je souhaiterais… », penses-tu à propos de tel ou tel regret amendable, et de conclure « Dommage » alors que les portes d’un avenir différent sont grandes ouvertes. "Dommage", comme s’il n’y avait pas de "je" autre que spectateur ou comme si le "je" acteur était sous la coupe du "je" qui pense. Ça clive et ça creuse sa tombe – et ça n’est toujours pas de l’action.
Étranger à tes propres désirs, le sexe, les vacances au bord de la mer, que se passe-t-il ? Comme si le monde entier était devenu du "déjà-vu". Tu avertis un gros tatoué qu’il risque de marcher sur un nid de guêpes et son chien dénommé Monsieur se ferait piquer la truffe. La plage est égale à elle-même. Une fille longe le rivage sans en rien voir, absorbée dans son téléphone. Est-ce que toi aussi tu regardes la mer comme regardent ceux qui ne voient rien ? Un chien anonyme, éperdu de joie, vient déféquer à quelques mètres de toi. Faudrait-il que tu te fasses piquer par une guêpe pour être reconnecté à la gratitude, à l’enthousiasme et au sens de la beauté ?
Ou suffit-il d’attendre patiemment, ainsi que le suggérait ton amie, que cela revienne – un nouveau matin sur le vieux monde ? Tu fais des étirements sur la plage, ton dos se raconte qu’il en a besoin pour se rétablir. Tu es un ‘‘je’’ plutôt actif (sauf quand il s’agit de descendre prendre le petit-déjeuner avec des inconnus), serait-il tout autant efficace d’être humble ? (Et partant, de supporter sans révolte la canicule, même devant les portes ouvertes de l’abbaye.)
Il y eut un matin et il y eut un soir. C’est beau, tout de même, tu t’en souviendras. Le jour décline et la marée descend. Les ombres s’étirent, la lumière devient plus chaude que l’air, les vaguelettes brisent doucement. Le sable dore à affoler les détecteurs de nudistes, les mouettes volent sans détour. Une cloche sonne l’heure indécise. Tu n’as pas endormi toutes tes faims.
La suite te donnera raison. (Et tort, à toi de choisir.) Une fille sort de l’eau avec des pattes de canard.