1er juillet
Aurais-tu besoin d’un stimulant en
présence du sable blanc, du bleu ciel et de la mer émeraude ? Pilule
pro-érectile ou anti-dépressive ? Serait-ce interchangeable ?
Et un nudiste muni d’un détecteur de
métaux, ça dit quoi ? Forcément ça dit quelque chose… En tongs ! Avec
une montre-bracelet en argent ! Un piercing au prépuce ?!
Il semble que le dernier chic des
cafetiers bretons soit de prendre les commandes avec l’accent marseillais. Y
aurait-il un lien avec la recrudescence de nudistes radio-actifs ?
Le dernier outrage des publicitaires
est de vous obliger à entendre une volée d’annonces quand vous vous servez en
essence. Bientôt un bracelet de serrage couplé au pistolet pour vous empêcher
de raccrocher ou de vous boucher les deux oreilles avant la fin du plein de
réclames. (Bientôt, d’essence il n’y aura plus, ni de surconsommation, ni
d’humanité sur ce qu’il restera de planète.)
« Il fait trop frais, dommage », disait-elle au seuil de la
basilique, avant de retourner dans l’étuve du dehors. « Je souhaiterais… », penses-tu à
propos de tel ou tel regret amendable, et de conclure « Dommage » alors que les portes d’un
avenir différent sont grandes ouvertes. "Dommage", comme s’il n’y avait pas de "je"
autre que spectateur ou comme si le "je" acteur était sous la coupe du "je"
qui pense. Ça clive et ça creuse sa tombe – et ça n’est toujours pas de
l’action.
Étranger à tes propres désirs, le sexe,
les vacances au bord de la mer, que se passe-t-il ? Comme si le monde
entier était devenu du "déjà-vu". Tu avertis un gros tatoué qu’il risque de
marcher sur un nid de guêpes et son chien dénommé Monsieur se ferait piquer la
truffe. La plage est égale à elle-même. Une fille longe le rivage sans en rien
voir, absorbée dans son téléphone. Est-ce que toi aussi tu regardes la mer
comme regardent ceux qui ne voient rien ? Un chien anonyme, éperdu de
joie, vient déféquer à quelques mètres de toi. Faudrait-il que tu te fasses piquer
par une guêpe pour être reconnecté à la gratitude, à l’enthousiasme et au sens
de la beauté ?
Ou suffit-il d’attendre patiemment,
ainsi que le suggérait ton amie, que cela revienne – un nouveau matin sur le
vieux monde ? Tu fais des étirements sur la plage, ton dos se raconte qu’il
en a besoin pour se rétablir. Tu es un ‘‘je’’ plutôt actif (sauf quand il
s’agit de descendre prendre le petit-déjeuner avec des inconnus), serait-il tout
autant efficace d’être humble ? (Et partant, de supporter sans révolte la
canicule, même devant les portes ouvertes de l’abbaye.)
Il y eut un matin et il y eut un soir.
C’est beau, tout de même, tu t’en souviendras. Le jour décline et la marée
descend. Les ombres s’étirent, la lumière devient plus chaude que l’air, les
vaguelettes brisent doucement. Le sable dore à affoler les détecteurs de
nudistes, les mouettes volent sans détour. Une cloche sonne l’heure indécise. Tu
n’as pas endormi toutes tes faims.
La suite te donnera raison. (Et tort, à
toi de choisir.) Une fille sort de l’eau avec des pattes de canard.