lundi 27 avril 2020

les averses multiplient les arc-en-ciels


27 avril

Les averses se succèdent, multipliant les arcs-en-ciel. L’origine de ceux-ci est un leurre par définition, Regarde depuis ta fenêtre, lance Binh-Dû au téléphone, il doit être planté dans le jardin ! – et leur destination. Mais peu importe, du moment que se manifeste l’attention. Les cerises sont encore vertes, un sportif étire ses muscles à la rupture sous le regard goguenard de deux buveurs de bière. Binh-Dû s’essaie à lister les qualités de sa prochaine amoureuse – d’abord ce sera une évidence réciproque. Elle n’aura pas besoin de présenter toute la palette d’un arc-en-ciel. Il n’aura plus besoin de se prétendre aussi terne qu’une photographie sépia.
Elle voit l’arc-en-ciel elle aussi, par extraordinaire, mais il n’est pas dans son jardin – ce n’est donc pas le même. Un chat hésite à mouiller ses pattes sur le toit. Sous le porche, les drogués rabattent leur capuche, ils s’expriment en phrases courtes mais lentes. Au contraire de la rédactrice publicitaire qui jette son parapluie disloqué dans une poubelle transparente tout en poursuivant une discussion téléphonique avec son stagiaire souffre-douleurs, Tu te débrouilles, tu vas me trouver ça sur une banque d’images ! Dans un magazine ou sur une page web exclamative on admirera un faux ciel étoilé dont aucune lumière n’aura mis des années à nous atteindre.