27 avril
Les averses se succèdent, multipliant
les arcs-en-ciel. L’origine de ceux-ci est un leurre par définition, Regarde depuis
ta fenêtre, lance Binh-Dû au téléphone, il doit être planté dans le jardin !
– et leur destination. Mais peu importe, du moment que se manifeste
l’attention. Les cerises sont encore vertes, un sportif étire ses muscles à la
rupture sous le regard goguenard de deux buveurs de bière. Binh-Dû s’essaie à
lister les qualités de sa prochaine amoureuse – d’abord ce sera une évidence
réciproque. Elle n’aura pas besoin de présenter toute la palette d’un
arc-en-ciel. Il n’aura plus besoin de se prétendre aussi terne qu’une
photographie sépia.
Elle voit l’arc-en-ciel elle aussi, par
extraordinaire, mais il n’est pas dans son jardin – ce n’est donc pas le même.
Un chat hésite à mouiller ses pattes sur le toit. Sous le porche, les drogués
rabattent leur capuche, ils s’expriment en phrases courtes mais lentes. Au
contraire de la rédactrice publicitaire qui jette son parapluie disloqué dans
une poubelle transparente tout en poursuivant une discussion téléphonique avec son
stagiaire souffre-douleurs, Tu te débrouilles, tu vas me trouver ça sur une
banque d’images ! Dans un magazine ou sur une page web exclamative on admirera un faux ciel étoilé dont aucune
lumière n’aura mis des années à nous atteindre.