2 juillet
Quoi de plus absurde et révélateur de
la folie de l’homme que d’avoir dédaigné le cycle lunaire pour y substituer un
calendrier arbitraire aux angles carrés ? Pourquoi si ce n’est par
orgueil et par haine de la nature. Tout le long suicide de l’humanité aura
découlé de cette attitude. Pourtant ce matin, le temps semble reprendre son
cours là où le soir l’avait suspendu. La mer est en train de descendre, seul le
soleil a changé de direction, l’espoir inversé te rassure.
Vous étiez assis à une table au milieu
d’inconnus (ce n’était plus le petit-déjeuner mais un repas du soir, et tu
n’étais plus seul), tu l’écoutais raconter comment vous vous étiez rencontrés,
perdus de vue, retrouvés. La conclusion, merveilleusement équivoque,
inattendue, telle une précision subsidiaire mais voulant être proclamée à la
face du monde afin d’en affermir la réalité, te réjouit en secret : « Et depuis,
on ne s’est plus quittés ». Tu ne t’en lasses pas.
Deux papillons dansent sur le chemin.
Tu as failli ne pas les voir, des papillons tu en as vu tellement… Et puis tu
marches trop vite, on pourrait croire que tu veux en finir, forcer le passage
de ta résignation. Ce n’est pas que tu sois déprimé, mais l’espoir te fait
défaut. L’exaltation, le mysticisme, la rencontre avec le divin. Même l’idiotie
bienheureuse te manque, oh le
lapin ! ah la fleur ! boire de l’eau c’est merveilleux ! En
moyen terme tu trouves la morosité.