jeudi 23 avril 2020

nous aurions besoin de douceur


 23 avril

Nous aurions besoin de douceur. Entre les dalles du pavage, de petits amas de terre révèlent l’activité secrète d’insectes urbains. Ils grattent la terre en profondeur, l’ingèrent, l’expulsent, ils creusent des galeries au-dessus du métro. Ils esquissent un paysage que les pieds des passants évitent comme s’il était sale.
Tu connaissais les recoins, les accidents de terrain, les crépis émiettés, la rouille des balustrades. Tu voyais grand, étant petit. Ce qui te distingue des enfants, en premier lieu c’est la taille que tu as acquise. C’est aussi la première chose qu’ils voient de toi, ce que tu es devenu. Mais le terrain de jeu est intact.
La laideur même n’entre pas en ligne de compte, ni les balafres infligées à la beauté du monde, ni l’extension de sa toxicité, ni même ses extensions aseptisées. Pour celui qui naît la vie est neuve, elle est merveilleuse. Ce qui a changé c’est la dimension de ton désir, seulement cela, et ton acuité conceptuelle. Es-tu aimé ?