mercredi 22 avril 2020

les branches de lilas débordent des jardins


22 avril

Les branches de lilas débordent des jardins, on inspire plus fort en fermant la bouche. Et les yeux pour se protéger des moucherons. Le smartphone d’une jeune femme tombe sur le macadam, sans casse grâce à sa coque. C’est bien conçu, commente sa collègue avant de mordre dans un sandwich.
Les oiseaux ne font pas leur nid à proximité d’une maison en construction. C’est pour ça qu’on entend surtout des sons de marteaux, de perceuses, de bétonnière, et les cris des ouvriers. Pour supporter leur métier, il a fallu qu’ils deviennent sourds. Ainsi des arbres meurent et les souvenirs se déplacent.
C’est le glissement ordinaire des générations. Le décor du désir n’a pas changé autant que nous le déplorons mais nous avons pris de la distance, nous nous sommes peu à peu exilés de nos sens. La ville est toujours mal finie, friable, aiguë, risquée, inattendue, et les gens sont toujours étranges.