27 août
Jour 20
La belle âme, et cela rejaillit sur
l’esprit et le corps… En vingt ans tu
n’as pas passé dix heures avec elle – moins qu’avec ta propriétaire !
(Comme on dit, ce possessif parfaitement absurde, ainsi l’esclave dit mon
maître et le chien pense mon homme.) Mise en équivalence parfaitement absurde, pour
cette âme si belle tu quittes ton studio, tu infléchis ta route du retour, tu irais
jusqu’à promettre une fidélité de vingt années supplémentaires, un bail signé
les yeux fermés. Les yeux ouverts tu l’écoutes, c’est un bonheur.
Au loin dans le bois les criquets, au
près sur la pelouse les grillons. Tu demandes, tu n’es pas sûr, tu aimerais
connaître le nom des animaux tant qu’il y en a, et celui des arbres. Une goutte
unique tombe sur le dos de ta main, longtemps après que la voisine a affirmé
qu’il pleuvait. Elle et ton autre amie parlent de chiens, ça t’intéresse aussi - leurs caractères, leurs aventures, la qualité si désirable de leurs silences. Au
matin il y en avait trois comme la chèvre, la salade et le loup. Et encore un
quatrième à qui faire traverser le fleuve.