17 août
10ème jour
Tu pleures encore, mais est-ce la sénilité, déjà ?
Ou un mouvement de lune, une attraction sélène ? L'effet d'un basculement du
diaphragme, d'un coup la place pour respirer, ressentir, éprouver la tendresse
en souffrance. C'est une femme qui l'inspire et transfigure, une fois de plus,
là est le courage. Les deuils affrontés, passés, en cours, à venir. C'est elle
et bien sûr ce n'est pas seulement elle – c'est un écho. Car un jour, pour toi
aussi, certaines couleurs seront révolues, il n'est jamais trop tôt pour se
préparer à ses propres résolutions. Vois où te ramènent tes rêves ! Et retourne
au jardin, les guêpes folâtrent au-dessus du puits. Tant qu'elles ne te piquent
pas tu diras qu'elles folâtrent. Mais tu ignores tout de ce qui les agite, nul
essaim ne s'accroche dans le poirier. La terre est sèche aux pieds des
fraisiers, le soleil trace une ombre oblique et frémissante, la bonne heure
pour arroser. En profite le lézard contre le mur. Pour les haricots
l'entreprise est plus basique – un tuyau verse dans une rigole, à ras bord,
puis dans la seconde. Mais pour les tomates mieux vaut une main experte – ni
trop ni trop peu, épargner les feuilles, se contorsionner entre les canisses.
Tu essaies de repérer un oiseau chamarré à contre-jour, espère ! Oui, tu
espères, il y a de la vie après la mort. La perpétuation de l'envie de courir.
Certains n'ont pas attendu longtemps pour rencontrer leur mission (d'autres ne
l'ont pas vue passer, d'autres encore se dispensent de tout conscientiser).
Dans la maison voisine on fête un anniversaire avec une scie. Ta fenêtre
ouverte apporte un peu d'air frais ainsi que des rires que tu écartes pour
plonger dans le prochain sommeil.