jeudi 25 juin 2020

les nuages donnent de l'ombre aux arbres


25 août
Jour 18

Ah oui, et puis il a rencontré une fille aussi, qui ressemblait à une pianiste, leurs genoux nus se sont effleurés, elle l’a suivi quand il s’est extirpé d’un mauvais spectacle. Il a essayé de lui faire comprendre combien il était un type formidable, mais comme elle lui racontait en retour, et contre toute logique, qu’elle allait retrouver son copain, il a affirmé que cela tombait bien, lui-même partait dans la direction opposée, il avait rendez-vous. Le lendemain, les jambes sont lourdes à l’assaut du puy. Pas pour tout le monde, des gens commentent, il y a toujours des gens. Leurs conversations sont assommantes. Tu te souviens, elle te disait « J’aurais besoin de silence maintenant », et vous marchiez ainsi longtemps, paisibles… jusqu’au prochain désir d’échanger des mots.
Les nuages blancs donnent de l’ombre aux arbres qui l’ont bien mérité. Les gypaètes survolent la vallée sans un battement d’aile, une marmotte lance des avertissements stridents. Une symphonie de clarines résonne au gré de la rumination des vaches. À chaque pas, vingt sauterelles s’envolent et heurtent tes mollets (tu les chasses ; si elles prenaient le goût du sang humain, qu'adviendrait-il de nous ?). Et ces nuées de fourmis volantes, de quoi se nourrissent-elles ? Un extraterrestre surgi du cosmos s’extasierait, puis il découvrirait la dynamique de destruction en cours sur cette planète, puis il apprendrait que les hommes connaissent l’importance des forêts et pourtant les déciment, puis il repartirait , dégoûté, il reviendra quand tout sera à recommencer.
Où sera Binh-Dû ? Il mange une banane exotique. Un taureau couché sur le chemin se lève à son passage. Un chien de camping placide se déplie soudainement. Sur ses paupières la nuit tombe en douceur.