dimanche 21 juin 2020

non, mais tu ne vis pas assez

21 août
Jour 14

Un enfant disgracieux aux yeux translucides vient te prendre la main au détour d’une rue. Tu le reconnais : « Tu es déjà venu il y a une vingtaine d’années, non ? » Il acquiesce. « Alors c’est que je suis mort ? – Non, mais tu ne vis pas assez. » Ses parents l’appellent car il ne vient pas de nulle part, tu le remets dans leurs bras. Se peut-il qu’un agneau ressemble tellement à un cabri ? 

Le meilleur voyage dans l’espace qui puisse se concevoir, c’est la réincarnation. Ceci étant, le présent doit se vivre comme tel, bien qu’étant déjà un temps révolu. En ce temps-là il n’y avait pas d’éoliennes et les deuils étaient encore à venir. Au présent le passé fait peine, on ne peut le visiter que derrière une vitre – impossible de communiquer ; nous sommes les fantômes de notre propre passé.

Puis le vent moissonne les pensées tandis que virent les gypaètes barbus. À la réflexion (dans le futur), tu n’as pas vu qu’ils portaient la barbe. Ou même une barbiche, tels des boucs. En revanche, les moutons d’altitude ressemblent à des moutons – ou à des lentes sur le crâne tondu de la montagne. Et les vaches ne sont pas des taureaux. (Et le bélier, était-il un bouc, finalement ?) Et Binh-Dû, est-ce toi ? N’ayons pas tant de craintes.