23 août
Jour 2, les chiens continuent de tirer la langue. Et
leurs maîtres, des poids quasi morts affalés au bout de la laisse.
(Quoi ? Qui à quel bout ?) Il paraît que la Despé tient mieux ses 30 degrés. Sur la langue
un certain goût amer, à submerger au plus tôt. Ils se sont couchés quand le
jour s’est levé, moites encore et déjà. Même Binh-Dû apprécie le faux marbre
d’une entrée d’immeuble, où viennent le rejoindre deux clodos au bout du
rouleau. Les puces de leurs chiens évaluent la distance qui les sépare de ses
chaussettes – laine et coton, quelle idée ! « Salut l’artiste »,
le salue-t-on. Plus loin un homme-dauphin déchire à pleines dents un maquereau
cru. Quel magnifique animal ! Il fait si chaud parce que la forêt
amazonienne brûle. Nous dansons sur un avenir révolu, comme à un enterrement
alternatif. Un faux chaman brandit le sigle de Om au-dessus d’une foule
extatique, il grimace, Binh-Dû, es-tu à ta place ? Veux-tu danser, oui,
non ? Et si l’on te facilitait la tâche, d’un pied sur l’autre ?
Commencer par un bisou sur la joue. Un barbu te surprend par derrière, dommage,
la fille qui danse devant et celle qui danse à côté étaient bien plus jolies.