(25/n)
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Et toi tu attends. Tu attends parce que Céline attend. Chez elle c’est confus, chez toi c’est une manière d’être. Tu as rêvé cette nuit qu’en compagnie d’une amie tu assistais à un duo de danse, il y avait au final une lente avancée face public, deux pas l’homme, deux pas la femme, toujours en léger décalage, et puis à l’extrême bord du plateau c’était terminé. Tu quittais la salle avec ton amie. Tu cherchais la chorégraphe pour la remercier de votre rencontre vingt ans plus tôt. Ton amie non moins jolie que ton amie d’alors. Tu attends parce que tu ne crois pas au temps. Tu te réjouis que l’amour soit éternel, en rimbaldien illuminé. Mais ton amie mérite tellement mieux que cela !
[octobre 2020]
Quand tu te réveilles et te lèves, c’est comme si tu portais sur ton dos un siècle de déconvenues amoureuses. Céline trouverait ton attitude un peu répugnante, aggravée de complaisance. Elle est beaucoup plus directe, elle n’a pas le goût des décalages méditatifs. Heureusement elle ne te connaît que comme l’ancien pote de Rémi. En fait, vous ne devriez pas partager un pronom personnel commun dans cette histoire, il n’y a pas de "vous". Ni l’espace ni le temps Céline et toi ne partagez. Toi tu te prépares à l’instauration d’un couvre-feu sévère autant qu’aberrant. Tu vis dans un futur inconcevable. Tandis que Céline quelques années plus tôt attend quelque chose qui prendra l’apparence d’une question révélée et de sa résolution instantanée. Déjà elle a décidé qu’elle ne laissera pas passer un seul jour ensoleillé, durant cette saison froide et la suivante plus froide encore, sans en sentir la caresse sur sa peau.