vendredi 26 novembre 2021

Tu préfères te taire, souvent

(27/n)

Tu préfères te taire, souvent. Les paroles qui te viennent aux oreilles le plus souvent désolent ton cœur. Non pas celles de tes amis, bien entendu, mais tes amis le plus souvent ont autre chose à faire que te parler. Ils te considèrent comme quelqu’un de solitaire.

Rémi a dans son ordi des compositions qui n’attendent plus que des mots à chanter par-dessus. Pas les tiens, c’était l’enfer à mémoriser, il se souvient : Aux voiles déployés les serments qui nous tiennent / Tu es ma belle amante et de cœur et d’esprit / Pour toujours si le temps se joue des insomnies / Et des fatalités aristotéliciennes.

Il n’a pas confiance en sa propre capacité à écrire des paroles, même si Céline l’y encourage. Toi aussi tu lui disais d’essayer. Tu lui donnais des conseils, Utilise tes propres mots, ça n’a pas besoin d’être sophistiqué, il suffit que ça vienne de l’intérieur… Je t’aiderai à dégrossir au besoin. Tu étais d’une condescendance, quand tu y repenses.

Céline compatit, Pauvre Rémi, il te donnait des alexandrins avec hémistiche, il se prenait pour Léo Ferré ou quoi ? Ils en rigolent, mais Rémi songe que les fatalités aristotéliciennes parlent davantage à Céline qu’à lui. Ils ne se connaissaient pas, à l’époque.