jeudi 11 novembre 2021

"Je le cache bien, c'est tout"

(17/n)
 
 Il y a pire que de trafiquer du suspense émotionnel, mais tu ne sais plus trop quoi. Cela t’avait frappé soudain, alors que tu réfléchissais à la suite. Peut-être comme tenter de se disculper de ses petites lâchetés en les exposant benoîtement – Voyez, je ne m’épargne pas.
 Tu souffres, c’est entendu. Tu as des problèmes. Tu te sens vulnérable à l’excès. Tu as peur de mourir un jour plus proche qu’escompté ; dans tes bons jours il te paraît peu vraisemblable d’être mortel, la difficulté sera de voir disparaître ceux que tu aimes – car à cent ans, franchement, avec qui s'entendre ?

 Céline est un peu plus jeune que toi mais tellement moins inquiète. Si tu savais ! Je le cache bien, c’est tout, rirait-elle. Elle pense que de vous deux c’est toi le plus apaisé, ta pondération, ta sagesse, tes heures de méditation… À ton tour de rire.

 Elle passe un certain temps à regarder par sa fenêtre, le jour, la nuit, elle serait sur le point de te raconter. Quand elle court, il lui faut aussi se garder des battues des chasseurs. Son œil est attiré par un tesson brillant parmi les feuilles mortes mais elle s’attend à trouver pire un jour, une chaussure d’enfant par exemple.