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Il faut les chercher, ces interstices, être attentif. Entre deux averses, entre deux douleurs, et même au sein des unes et des autres. Le moindre petit événement – aujourd’hui j’ai inséré le manche d’une petite cuillère sous le couvercle d’un pot d’olives noires pour parvenir à ouvrir celui-ci. Aujourd’hui tu as échangé de place avec ta voisine au théâtre, parce que la dame du rang derrière craignait que ta tête ne dépasse. Tu as traversé Paris en vélo sous un petit crachin, poussé par le vent et la pensée qu’il ne te sera peut-être pas donné encore un millier de fois de partager un moment heureux avec des amis. Le soir tu as cru que ton épaule état guérie mais la nuit tu t’es réveillé en criant. Du moins sont-ce nos histoires.
Céline court en s’efforçant de regarder devant elle. Elle se sent plus lourde que dans son souvenir, mais sans doute est-ce le manque de pratique. Elle note que son regard est de façon répétitive attiré vers le bas, comme s’il fallait faire très attention au sol sur lequel elle pose les pieds, comme si tout en courant elle cherchait des signes – qu’elle repère d’ailleurs : une capsule de bière, un morceau d’emballage rouge vif ; les bogues, les samares, les noisettes, les crottes de lapin qui au contraire la rassurent. Est-elle inquiète ? Elle a prévu d’y aller progressivement, une demi-heure pour commencer, à petite vitesse. Tout juste est-elle revenue à la maison que la pluie s’abat violemment sur le toit. Se libère la joie.