Le feu sacré brûle dans ses yeux. Ses pupilles sont dilatées comme par
excès de drogues mais c’est simplement l’intensité qu’elle met à vivre, même
quand elle est fatiguée ou mélancolique ou entre deux explosions de vitalité.
Le feu sacré brûle dans ses pieds. Sa pointure lui permet de s’insinuer dans un
trou de spectateurs mais pas de voir par-dessus leurs épaules. Souvent elle
renverse les pôles et alors ses pieds montent plus haut qu’on ne saurait lever
les nôtres, indécrottables terre-à-terre que nous sommes.
Les magasins en solde révèlent que rien de désirable ne se vend moins
cher que ce que l’on aurait acheté un autre jour. Mais il y a foule, et dans
cette foule l’idée traverse qu’on rencontrera quelqu’un d’imprévu. En guise de
qui, des regards de vigiles ou d’inconnus vaguement curieux. C’est un peu plus
tard, quand on ne s’y attend plus, que survient une parfaite coïncidence, un
signe du hasard qu’il serait sot de négliger. Le feu couve, elle cherche son
propre flambeau, qui la guidera. Patience, les rêves s’accorderont jusqu’à
l’éloquence.