Binh-Dû réfléchit à ce qu’il demandera, quel vœu précis lui vaudra d’être exaucé. Car il ne suffit pas de balbutier l’amour, la santé, le bonheur, tel le premier ingénu venu. Il a fermé les yeux, rien ne presse, il occupe une bonne position dans la file d’attente immobile. Mais n’est-ce pas son train qui arrive soudain et fait vibrer le plafond du sous-sol ? Vite, Binh-Dû se dégage, gravit quatre à quatre les marches menant au quai, la sonnerie retentit, les portes se referment, il pourrait encore s’agripper au dernier wagon... Mais non, la destination affichée n’est pas la sienne.
Autant se demander pourquoi les femmes le quittent. Lui, si amoureux, si attentionné, si prodigue de son temps et de son écoute. Si drôle aussi, toujours le mot pour rire ! Tu donnes le sentiment de vivre à côté de ta vie, au début c’est séduisant puis cela devient angoissant. Ne lui a-t-on jamais dit. Tu entretiens une forme d’indépendance à toute épreuve, comme si on ne pouvait pas vraiment t’atteindre, et en même temps tu n’exiges rien, c’est déroutant. Ne lui fut-il pas vraiment reproché. Puis-je te faire confiance ? À quoi il ne répondit pas de façon convaincante.