1er octobre
Elle est tirée d’un sommeil profond, Charlotte titube jusqu’à sa fenêtre, se raccroche au balcon, « JC, moins fort la radio ! » crie-t-elle en direction de la rue, les yeux encore à moitié fermés, la voix rauque. « Hé Manu, tu descends ? » lui répond JC, elle referme la fenêtre, tire les volets sur le soleil, elle ne sait pas pourquoi il l’appelle Manu, ne veut pas savoir, voudrait pouvoir se rendormir. Elle s’est couchée vers six heures du matin après avoir fait l’hôtesse au club-lounge près de la place de l’Étoile. Elle a mal à la gorge, n’aurait pas dû crier comme ça même si la radio s’est tue. 230 euros dans la poche de son cuir, elle va vérifier, pour six heures de taf et seulement une branlette. Heureusement pas tous les soirs, elle avale au goulot un peu de sirop antitussif et se recouche. En fin de journée JC est parti quelque part, personne dans sa cabane de trottoir, Charlotte va à son rendez-vous avec le dealer des terrasses, elle repart avec 3 grammes au cas où, ce n’est pas pour tout de suite. Le désir dans le ventre, elle regarde les hommes, ils lui sourient, les plus audacieux, elle est furieuse. Elle voudrait nager, mais nue, elle n’en peut plus de cette ville. Elle ne sait pas où est passé l’été, qu’elle a gâché dans les grandes largeurs, et maintenant il faudrait traverser à nouveau tout un hiver ? Elle ne se reconnaît aucune excuse, photographie une flèche d’église depuis le parvis, appelle Sélim. Il va rejoindre des amis dans une cantine alternative, il y aura un concert, elle dit « J’arrive ».