dimanche 24 novembre 2019

24 février


           Le froid n’est pas le froid tant qu’il n’atteint pas les os. La faim n’est pas la faim tant que tu n’éprouves pas un bonheur halluciné. La soif n’est pas la soif tant que tu peux penser à ton prochain mouvement. Le désir n’est pas le désir tant qu’il n’a pas été déçu. La peur n’est pas la peur tant qu’elle n’est pas devenue panique. L’amour n’est pas l’amour tant qu’il n’est pas éternel. L’espoir n’est pas l’espoir tant qu’il n’est pas déjà un peu trop tard. Mais qu’as-tu besoin de définitions négatives ? Bois ton thé, épluche ton orange. Et sors de ta maison !
           Ce n’est pas sans risque, certes. Les rues pavillonnaires sommeillent, désertes en plein jour, c’est l’heure de la sieste. Un meurtre s’y commettrait en terrain propice, de même que les virus s’épanouissent entre deux saisons. Penses-tu. Soudain, une bille de plomb frappe la palissade du jardin que tu longeais, à quelques centimètres près, tu perdais un œil. Les fenêtres alentours ne laissent rien deviner d’un tireur embusqué. Tu ne cries pas à l’assassin, tu t’enfuis comme un étranger, dans le ciel les étourneaux forment une consolante murmuration.