Est-ce
que tu grooves ? Comment fais-tu
pour ne pas, es-tu sourd ? Même le type sur sa chaise tressaute, à deux
doigts de se lever. Sa jambe bat le rythme. Près des surgelés, un homme triste
passe d’un pied sur l’autre, mine de rien, ses gestes sont synchronisés.
Comment
dansait le monde avant que ne naisse la soul music ? Même dans les
sociétés primitives, on n’avait pas de cette joie-là. On en avait d’autres, et
du désir aussi, et de l’avidité, mais cette âme-là, surgie de quelles
profondeurs, où attendait-elle ?
Il
faudrait se lever chaque matin avec Otis Reding. Sentir l’âme revenir dans le
corps et mouvoir les membres comme un étirement, se sentir plante appelée par
le soleil et la pluie, animal en quête d’aventures nécessaires et superflues,
homme ou femme verticaux.
Try a little tenderness, pour changer. Ce serait un profond rapport au monde, et on la
hurlerait cette tendresse, on la trépignerait, et on la prolongerait d’une
mélancolie si douce, en alternance. Voudrais-tu ? Est-ce que tu
m’accompagnes ?