jeudi 21 novembre 2019

21 février


           La fièvre se réveille tous les soirs, et au matin elle est encore là. Presque inchangée. Elle mordille les oreilles de l’intérieur. Elle coupe la faim de la glotte, et la soif peut attendre, la soif s’écoule à contre-sens tel un fleuve remontant les montagnes. La fièvre intime de tenir sa position, quelle qu’elle soit, le jour c’est debout. Couché, assis. La fièvre aussi est un chien.
           On est tenté de lui jeter des cailloux, il sent mauvais. Sa gueule ouverte qui n’en finit pas de haleter, qui ouvre directement sur l’estomac. Plutôt regarder le ciel ou s’il n’y a pas de ciel sa lumière, paupières baissées, et se balancer dans le hamac comme dodelinent les feuilles du palmier. L’heure est tropicale, Vous pouvez arrêter de percer du béton, à côté ?!
           On ne s’entend plus rêver, ça confine au délire. Boire c’est franchir des rapides, tu échoues sur la grève. Tu secoues tes cheveux le temps d’un fugitif arc-en-ciel. Tu reprends ton souffle. Quelque chose te pique la cuisse, c’est une plante grimpante, sale bête, lâche, mais lâche ! Tu la serres par le cou. Elle résiste, se débat. Peut-être n’est-ce qu’un remord en plastique.