La fièvre
se réveille tous les soirs, et au matin elle est encore là. Presque inchangée.
Elle mordille les oreilles de l’intérieur. Elle coupe la faim de la glotte, et
la soif peut attendre, la soif s’écoule à contre-sens tel un fleuve remontant
les montagnes. La fièvre intime de tenir sa position, quelle qu’elle soit, le
jour c’est debout. Couché, assis. La fièvre aussi est un chien.
On est
tenté de lui jeter des cailloux, il sent mauvais. Sa gueule ouverte qui n’en
finit pas de haleter, qui ouvre directement sur l’estomac. Plutôt regarder le
ciel ou s’il n’y a pas de ciel sa lumière, paupières baissées, et se balancer
dans le hamac comme dodelinent les feuilles du palmier. L’heure est tropicale, Vous pouvez arrêter de percer du béton, à
côté ?!
On ne
s’entend plus rêver, ça confine au délire. Boire c’est franchir des rapides, tu
échoues sur la grève. Tu secoues tes cheveux le temps d’un fugitif arc-en-ciel.
Tu reprends ton souffle. Quelque chose te pique la cuisse, c’est une plante
grimpante, sale bête, lâche, mais lâche ! Tu la serres par le cou. Elle
résiste, se débat. Peut-être n’est-ce qu’un remord en plastique.