samedi 21 avril 2018

21 avril

       C’est le printemps, les bébés trébuchent et pleurent, tombés dans l’aire de jeu. Binh-Dû n’ira pas se risquer sur un toboggan, il préfère poser un pied devant l’autre d’une démarche ample, assurée par l’habitude. Un bébé en question regarde à travers ses larmes par-dessus l’épaule de sa mère, Binh-Dû lui sourit, les pleurs cessent.
       Amener un bébé à ne plus pleurer c’est comme faire rire une femme aimée, c’est comme être cause de jouissance. Il y aurait éventuellement un ordre de gratification à définir, mais pourquoi bouder son plaisir ? On pourrait aussi se demander en quelle part nous serions responsables de tel ou tel phénomène concomitant à notre présence.
       Simplement Binh-Dû était là au bon moment, du moins à un moment adéquat, s’il y eut action, alors il fut instrument. L’affirmation est rude, son petit côté cynique coince quelque part. A s'y empêtrer, Binh-Dû se dit qu’il n’a jamais considéré une femme aimée comme un instrument propice à ce que s’exprime son amour. Aurait-il dû ?