La première fois on lui désigne le comptoir, Posez ça là, lui est-il intimé d'un coup de menton. Là ?
hésite-t-il, étonné que le réceptionniste, un colosse aux allures de vigile,
ne se risque pas même à tendre une main. Sur le comptoir, il y a des petits tas
de courriers.
La deuxième fois, la porte qui donne sur le boulevard est fermée, le
digicode obtus. Une plaque annonce que l’accès est interdit aux démarcheurs et
aux quêteurs, rentre-t-il dans une de ces catégories ? Il attend que
quelqu’un sorte pour pénétrer dans l’immeuble.
La troisième fois, on se croirait dans une aérogare tellement le hall
est vaste. Il ne serait pas étonné que retentisse un carillon au plafond tandis
qu’il avance vers l’hôtesse, très professionnelle. Pour se déplacer elle utilise un sourire et une chaise à roulettes.
Ainsi Binh-Dû revient de sa première journée avec en tête l’image d’un
colis suspect qui voyagerait en classe affaires dans un avion sans passagers. La métaphore n’est peut-être ni des plus heureuses ni des plus pertinentes mais
elle donne des ailes à ses chevilles.
(à suivre...)