Simple comme quelque chose qui échappe, simple comme le flux qui
emporte et attire de même, par la vacance dégagée, la possibilité d’une
nouvelle présence, simple comme l’idée reçue qu’à vivre en solitaire on ne se perçoit
plus, simple comme un dos courbé qui s’étire lentement puis se déploie telle
une paire d’ailes pour finalement permettre que s’envolent du rocher nos
mélancolies, simple comme cette autre photographie envoyée par l’amie
photographe, prise une semaine plus tard, où Binh-Dû se découvre telle une
version idéale de lui-même.
Il pourrait s’afficher en fond d’écran, chaque matin se conforter à une
vérité immuable, flatteuse et rassurante – ce qui n’aurait pas davantage de
pertinence que le rituel voulant qu’il vérifie au réveil si c’est toujours lui
qui jette un regard circonspect dans le miroir. La vérité d’une photographie
n’a d’immuable que son instantanéité, pas de quoi prolonger ad vitam aeternam un effet rassurant,
quant à la flatterie elle est imposture par nature, autant pour celui qui
l’énonce que pour celui qui la reçoit, en l’occurrence un seul et même Binh-Dû.