Quand on lui vante (pour le lui vendre) un produit culturel
divertissant, un « feel-good » ceci ou cela, Binh-Dû se prend de tendresse à l’égard de ses
traumatismes persistants. « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort »,
t’as qu’à croire. Binh-Dû est avide d’expériences mais pas au point d’aller se
foutre dans des situations grotesques et plus ou moins dangereuses pour le
plaisir du frisson et des récits qu’il en ferait ensuite. L’été bat encore son
plein, il y a tout un tas de conneries à faire. On peut même rester sur le bord
de la plage et espérer une catastrophe bénie.
Il y a l’embarras du choix. Encore davantage si l’on considère comme
sujets de discussions excitées, passionnées, les impondérables qui accablent
nos proches. Si l’on se met à la recherche de la bonne parole. Si l’on peut se
faire son roman ou son film à domicile. Binh-Dû trouve au contraire un certain
réconfort à se souvenir que son corps a eu peur, et qu’il ne s’en est pas tout
à fait remis. Il est des reculs qui ne trompent pas, ou du moins qui quémandent
une explication. « Je sens une petite dépression là, vous avez subi un
choc côté gauche ? » induit l’ostéopathe.