La nuit commence sans qu’on y prenne garde et finit étonnamment tôt.
Bien avant que le jour de la veille soit arrivé à terme. À quoi cela
rime-t-il ? Binh-Dû n’est pas à l’abri du besoin de se rassurer au
souvenir de ses plus jeunes années, quand il n’y avait guère de limites et
aucun sens à les observer. Juste une petite dépression du côté du cœur. Au
matin, les tourterelles roucoulent comme si elles vivaient en bord de mer, il
n’aurait pas cru. Les corbeaux aussi sont de la partie – mais peut-être est-il
prématuré d’en parler.
Le jour d’avant il a beaucoup plu, si fort que la terre est restée
détrempée un moment. Les odeurs flottaient dans l’air, à hauteur d’homme. Le
long du talus du chemin de fer. Sur le petit sentier de la promenade arborée.
Dans le parc, où les samares des frênes jonchent la pelouse. Binh-Dû voudrait
que certaines connaissent un avenir enfoui, et la pelouse régresserait au
profit d’une nouvelle génération plus digne que ne le sont les mutants humains
à oreillette. Un jour proche, les spermatozoïdes se compteront à la dizaine.