Ceci dit, il
y a des conditions. Pas question d’aller faire son marché et de revenir avec un
morceau de chair consentante – en mesure de monter les escaliers hors d’un cabas.
La jeune femme – car la définir ainsi est faire preuve d’une élémentaire
charité – prend appui sur la rampe, le jeune homme – restons dans les clichés
indistincts – la suit deux marches plus bas avec déjà la tentation de poser sa
main sur l’arrière d’une cuisse. Potelée, faut-il préciser ? Est-ce
pertinent ? Vaudrait-il mieux parler de critères plutôt que de
conditions ? La jeune femme rit bruyamment et à tout propos – nul besoin
d’entendre les propos. Pas question de faire l’amour avec une femme qui prendrait
cela à la rigolade, qui serait capable de simuler son plaisir sans même en
avoir conscience. Un minimum de qualité dans le rire est requis. Un minimum de
relation – et ce minimum ne saurait être le point de jonction entre deux corps,
produirait-il un son fessu. Binh-Dû ne voit pas non plus l’intérêt de comprimer
son sexe dans un emballage en latex – peut-être toujours son prisme végétarien.
Le rien lui semble plus plein que le mieux que rien. Le moins que rien lui
semble obtempération résignée, tandis que le rien ouvre à l’inventivité. Pas
question non plus de composer avec une divergence fondamentale d’appréciations
littéraires ? Telle la transposition d’une même réticence, ne pas aimer
lire est préférable à lire de mauvais livres. Binh-Dû réfléchit à tout cela,
fort de ses goûts indiscutables et de sa solitude ; son roman du moment
l’attend, quelques dizaines de pages avant de s’endormir king size.