lundi 27 août 2018

27 août


Ceci dit, il y a des conditions. Pas question d’aller faire son marché et de revenir avec un morceau de chair consentante – en mesure de monter les escaliers hors d’un cabas. La jeune femme – car la définir ainsi est faire preuve d’une élémentaire charité – prend appui sur la rampe, le jeune homme – restons dans les clichés indistincts – la suit deux marches plus bas avec déjà la tentation de poser sa main sur l’arrière d’une cuisse. Potelée, faut-il préciser ? Est-ce pertinent ? Vaudrait-il mieux parler de critères plutôt que de conditions ? La jeune femme rit bruyamment et à tout propos – nul besoin d’entendre les propos. Pas question de faire l’amour avec une femme qui prendrait cela à la rigolade, qui serait capable de simuler son plaisir sans même en avoir conscience. Un minimum de qualité dans le rire est requis. Un minimum de relation – et ce minimum ne saurait être le point de jonction entre deux corps, produirait-il un son fessu. Binh-Dû ne voit pas non plus l’intérêt de comprimer son sexe dans un emballage en latex – peut-être toujours son prisme végétarien. Le rien lui semble plus plein que le mieux que rien. Le moins que rien lui semble obtempération résignée, tandis que le rien ouvre à l’inventivité. Pas question non plus de composer avec une divergence fondamentale d’appréciations littéraires ? Telle la transposition d’une même réticence, ne pas aimer lire est préférable à lire de mauvais livres. Binh-Dû réfléchit à tout cela, fort de ses goûts indiscutables et de sa solitude ; son roman du moment l’attend, quelques dizaines de pages avant de s’endormir king size.