dimanche 27 mai 2018

27 mai

Pourquoi cette intuition cataclysmique lorsqu’une femme aimée annonce qu’elle a des choses à dire, que de vive voix ce sera mieux ? Mieux dans quel sens, celui du moins pire ? Il semble à Binh-Dû que ce qu’il va entendre est terriblement peu désirable, non cela ne lui dit rien qui vaille, il serait tenté de prendre ses jambes à son cou et d’aller se réfugier au fond d’une grotte regarder pousser les stalagmites, devenir lui-même une concrétion rocheuse insensible, au cœur calfaté. Près de cent jours se sont déjà écoulés, on peut envisager le siècle. Son amie quant à elle envisage « le cercle des expectatives », la formulation est jolie où Binh-Dû tourne en rond, saisi d’une panique centrifuge, au-dehors la température se rapproche dangereusement de celle du corps humain, c’est la planète tout entière qui risque de sauter de son axe telle la bille d’une roulette de casino. Faut-il, pour se rassurer, estimer que l’affolement est signe que tout n’est pas déjà foutu, reste encore une liane d’espoir qui pendouille en l’air ? D’abord relever les yeux. D’un coup de pied rejeter les expectatives dans le cercle des enfers. Binh-Dû cherche des stalactites au plafond de sa chambre afin de se préparer au premier mot de consolation.