D’accord pour le merle qui s’empare délicatement d’une cerise et
volette jusqu’au toit pour la savourer à l’aise. Mais pour le pigeon maladroit
qui en éborgne une en en laissant choir dix, infoutu de maîtriser les saccades
de son cou à ressort ? Et pour le gros monsieur à face de brute qui n’est
pas loin d’arracher toute une branche ?
D’accord pour le moucheron inoffensif
que Binh-Dû repêche à la cuillère alors qu’il se débattait à la surface d’un
verre de jus d’orange. Mais pour la mite au vol erratique qu’on écrase d’un
claquement de mains, dont il ne reste qu’un peu de matière sèche et un zeste de
molécules signalant aux larves d’éclore ?
(Il semble que cette histoire de
signal moléculaire soit un mythe, Binh-Dû n’en trouve pas trace sur Internet.
C’est une amie qui mangeait des céréales biologiques qui lui avait raconté ça.
Par précaution, il se rend tout de même sur le balcon afin de se débarrasser du
cadavre.) Les formes du vivant sont épuisantes, soupire l’ermite.