lundi 14 mai 2018

14,5 mai

Une femme superbe marche devant Binh-Dû, il approuve le rythme de ses pas, leur envergure, le léger cambré de son dos, la simplicité fonctionnelle et élégante de ses vêtements, les ondulations de sa chevelure blonde qui lui tombe en-dessous des épaules. Il se déporte pour apercevoir son visage, il la voit de trois quarts face à présent, Dieu qu’elle est belle ! Perdue dans ses pensées elle ne le voit pas, il s’en va. Hier il aurait été comme un petit frère, aujourd’hui il est comme un vieux père. Que s’est-il passé ? Où était-il entretemps ?
Le boulevard s’efface, Binh-Dû croit reconnaître ce carrefour, à droite un pont d’échangeur, à gauche un long mur qui enclot sans doute le parc du château. Mais alors, est-ce qu’il n’y avait pas, juste avant, sur le trottoir d’en face... Elle n’était pas encore arrivée, la nuit tombait, il avait longé le mur en l’attendant, tentant d’apaiser son cœur. Un taxi les avait klaxonnés quand ils s’étaient embrassés. Avant qu’ils n’entrent dans l’hôtel. Il n’y a plus trace d’hôtel, c’était moins de dix ans auparavant. Le président peaufinait son plan de carrière.