Peut-on concevoir qu’un des effets désirés d’une baise effrénée soit
la venue au monde d’un enfant ? Après s’être efforcé – pour l’homme que n’est
pas Binh-Dû – de retarder au maximum l’éjaculation afin de prolonger le coït,
après avoir pensé qu’elle allait défaillir de jouissance – l’une ou l’autre
femme idéale ?
La question est rhétorique, Binh-Dû manque d’expérience, il a tendance
à croire que les femmes font des enfants afin d’obtenir une version
ressemblante de leur propre personne. Ou pour dédoubler en modèle réduit, antérieur, l’objet mâle de leur désir. C’est
dire qu’il n’y comprend pas grand-chose.
Il est intelligent pourtant. Dans son lit il annote un ouvrage de
métaphysique. Il s’endort sur un oreiller de concepts. Il analyse ses rêves
alors qu’il dort encore. Il pourrait aimer avec ardeur une femme à la fibre
culturelle peu développée, pourvu qu’elle ait des seins comme ci et des fesses
comme ça.