Avant que de naître, parmi les options il a choisi le parfum de sa
propre peau. Un refuge, un accompagnement permanent. À moins qu’on ne
l’écorche, mais de cette sorte de vie là, non merci, il ne voulait plus.
Binh-Dû voulait d’une vie clémente, pour changer. Sous le soleil, l’immeuble en
construction grimpe son ombre, exhalant une mortifère odeur de béton.
La guerre, même sans arme, reste
une tentation. N’importe quoi ferait l’affaire, une assiette à écraser sur un
visage le temps qu’en dégoulinent sauces et jus poisseux, une insulte lancée
haut et fort, un coude pour bleuir les côtes du répugnant personnage qui
s’extraie de son 4X4 tandis que s’empressent ses valets. Oh, la morgue des maîtres
du monde...
Binh-Dû sait bien que sa haine le
tuerait aussi bien. Il la convertit en sourire méprisant – mais c’est imiter l’ennemi.
Il essaye l’amour du prochain – mais la rupture est consommée. S’il se voyait de
l’extérieur, il s’interposerait, il serait l’amour tiers, englobant, détaché. Les
portiers reprennent la pose sous la marquise, à leur uniforme ne manque aucun
bouton.