Un
rouge-gorge gît sur le trottoir sous le cerisier. Binh-Dû reçoit par texto des
bises, et les ronronnements d’un chat. À chaque touche enfoncée sur le clavier
il écrase une flopée d’acariens. À chaque bouchée de poulet il nourrit des
millions de bactéries. Il s’en va rejoindre une amie qui ne saurait en
équivaloir une autre. Personne ne remarque son absence dans les cortèges. De
fatigue ses yeux pleurent une larme plutôt que sous l’effet des bombes
lacrymogènes. Pour la deuxième fois de sa vie il commande un diabolo melon,
qu’on lui apporte avec une touillette. C’était meilleur la première fois. La
pluie qui devait tomber est restée dans les nuages. Comme c’est jour férié, certains
en profitent pour chercher leur équilibre sur une sangle élastique tendue entre
deux arbres. D’autres préfèrent travailler le haut de leur corps. Il ne s’agit
pas de vouloir devenir mais d’assumer être, à la fois humbles et majestueux. Même
un chocolat tiré du percolateur mérite qu’on le hume. L’amie contient en elle
de quoi briser un cœur, comme une autre, ou plus humblement de s’émouvoir. Le
chant persiste après le chant.