C’est un
jour par hasard, où Binh-Dû retrouve sur la toile les trois femmes de sa vie. (Non,
elles ne sont pas sa mère, sa femme, sa fille, ainsi que le prétendrait un
fils-mari-père exemplaire.) Reliées par le désir et l’amour qu’ils partagèrent
en couples de bric et de broc. Dans une succession cahoteuse, à chacune sa
décennie, la coloration dominante d’une époque, une période de peintre. Se
reconnaîtraient-elles ? Se rencontreront-elles jamais ? Une, deux, trois dans le désordre, la première lui envoie par-delà
les océans un adjectif ravi, la voix de la chanteuse est arrivée à bon port sur des ailes d’ange. À la deuxième il tient à rappeler qu’ils s’aimèrent d’une
manière exceptionnelle – ce qui n’est sans doute pas si original. Des fois
qu’elle aurait oublié, qu’il faille s’en souvenir. Si vivace son amour de la
troisième qu’un peu de jalousie affleure, un zeste de sarcasme, Binh-Dû n’est
pas un ange. Loin de là. Il dirait aujourd’hui qu’il fut amoureux trois fois.
Ou bien une douzaine, comme en une boîte d’œufs compartimentés. Attention,
fragile. Compliments. Il secoue au-dessus de la poêle un flacon de fines
herbes.
[encore merci à Camille]