jeudi 21 février 2019

21 février


                L’amour est-il aussi un bavardage ? L’amour des corps s’entend, celui qui plaque la peau contre la peau, l’amour est-il parfois une gifle ? L’amour est tout, c’est entendu, dites un mot, n’importe lequel et ce sera l’amour. L’amour toujours. Couteau. Pain. Lustre. Faisceau. Vaisseau, vaisselle. Solitude. Froidure. Et chaleur. Béton. Mémoire. Tout est amour, jusque dans la larme qui coule sur la joue. Dans l’éclat du soleil qui se réverbère sur une fenêtre d’en face, dans la faim. Binh-Dû hésite entre admiration et dévoration.
                Il ne sait plus où il en est. L’admiration reste en surface mais il arrive qu’elle porte son fer dans la plaie. La dévoration est un cheval fou dont on n’ôtera pas la robe. L’amour est un prétexte bardé de paroles prétendument belles – pour qui se défie des mots. Une explication superflue. Un avant-goût prêt à galoper nul ne sait où. C’est le contre-signe du manque, un marque-page terrifié, terrifiant et consolateur. L’avenue monte du fleuve tel un jarret tremblant sous l’effort, il faudrait ralentir sans crainte d’en mourir.