samedi 16 février 2019

16 février


                Ce qui se passe quand on approche l’œil du tronc d’un arbre. À le toucher. Qu’on plaque sa joue contre l’écorce. Une certaine logique voudrait que Binh-Dû regarde vers le haut, tente d’apercevoir le ciel tout au bout de la perspective. Prenne appui, accompagne la lancée de tout son corps puis s’expédie dans l’espace. Mais il baisse la tête, fixe l’humus recouvrant les racines. Bientôt il doit fermer les yeux sous le vertige, ça tourne, ça vire en dépit des pieds immobiles, ça menace de tomber. Ou de l’éjecter hors du cercle.
                Ce qui se passe quand ce qui devrait se produire ne se produit pas. Les repères anciens n’ont plus cours, sauf pour se lamenter, est-ce cela qui se passe : une lamentation ? Qui voudrait de cela ? Certainement pas Binh-Dû. Il remonte au point d’inflexion, cherche l’embranchement néfaste. Il tâtonne, une théorie suggère de se hâter, une autre de prendre le temps de s’asseoir au creux de la première fourche accueillante, de regarder les fourmis, les feuilles, les oiseaux. De sentir la brise fraîche sur la peau.