Ce qui se passe
quand on approche l’œil du tronc d’un arbre. À le toucher. Qu’on plaque sa
joue contre l’écorce. Une certaine logique voudrait que Binh-Dû regarde vers le
haut, tente d’apercevoir le ciel tout au bout de la perspective. Prenne appui,
accompagne la lancée de tout son corps puis s’expédie dans l’espace. Mais il
baisse la tête, fixe l’humus recouvrant les racines. Bientôt il doit fermer les
yeux sous le vertige, ça tourne, ça vire en dépit des pieds immobiles, ça
menace de tomber. Ou de l’éjecter hors du cercle.
Ce qui se passe
quand ce qui devrait se produire ne se produit pas. Les repères anciens n’ont
plus cours, sauf pour se lamenter, est-ce cela qui se passe : une
lamentation ? Qui voudrait de cela ? Certainement pas Binh-Dû. Il
remonte au point d’inflexion, cherche l’embranchement néfaste. Il tâtonne, une
théorie suggère de se hâter, une autre de prendre le temps de s’asseoir au
creux de la première fourche accueillante, de regarder les
fourmis, les feuilles, les oiseaux. De sentir la brise fraîche sur la peau.