Il y a des jours
comme ça où les choses ne tiennent pas en place. Et les gens ? Bof, ils
piétinent. Ils se cognent aux choses. En fait on ne sait plus très bien ce qui
bouge et ce qui ne bouge pas, mais l’un dans l’autre la synchronisation fait
défaut. (Le Soleil pourrait bien tourner autour de la Terre, pour ce qu’on en a
à foutre !) Il y a trop de meubles dans la pièce où vit Binh-Dû, si l’on
se réfère à un coefficient d’encombrement – qui resterait encore à inventer. Un
petit vaisseau a éclaté à l’intérieur de sa paume, ça fait mal même sous la
glace.
Là-bas, du côté
des falaises, la mer est calme quand le soleil se lève, calme aussi quand il se
couche. (N’allez pas nous raconter qu’il arrive au soleil de rester
coucher !) Entre les deux ça frisotte. Des adolescents plongent en criant
et remontent. Sous l’eau ils font des bulles, ils pourraient y rester plus
longtemps. Ils pourraient s’y briser la colonne, mais en fait, non. Ils
grandissent, ils quittent le pays, ils sont remplacés. Ils reviennent boiteux.
Binh-Dû se gifle les deux joues à la fois, juste ce qu’il faut. Pas de quoi
faire couler le sang hors de ses veines.