Quel est le point
commun entre un lion et une salade ? Le lion n’est pas une chèvre et la
salade n’est pas un chou. (Oh, ces définitions négatives...) Le lion est une
extrapolation du lapin. La salade est censée attendre dans le potager. De point
commun il n’y a peut-être pas, mais une tension entre les deux, Binh-Dû en
jurerait. Il jurerait qu’il a vu les feuilles de la salade frémir. La clôture
est cisaillée en un endroit, de haut en bas, par où tous les légumes pourraient
s’enfuir. Le lion a le réveil vaseux, son rugissement masque une profonde
lassitude.
Et les éléphants,
sont-ils mangeables ? Qu’est-ce qui n’est pas mangeable, selon quels
critères ? Le cochon dressé sur ses pattes arrière se fend d’un grand
sourire à l’entrée du restaurant. Binh-Dû est fatigué, sans doute par excès de
toxines dans le sang. Les origines de ses habitudes se perdent dans un
sentiment d’incrédulité – qui est une expérience en soi. Intensifierait-il
délibérément son hébétude, jusqu’à ne plus savoir comment se tenir à table ou
s’en lever, poser un pied devant l’autre ou un baiser sur une joue ?
Pitié ! crie la salade.