La neige vire au
résidu. Pléthore de mots pour la décrire si l’on est Inuit, et tout autant pour
répertorier les sons du pied posé ? Au matin glacé cela crisse et craque
sur les bords, sous le soleil perfide ça clapote en bouillasse. Binh-Dû
rassemble une dernière boule, il façonne une orange de Noël – cadeau des enfants inconsolables. À Pâques sous la pelure il ne restera plus que de la pulpe
morte, ce sera alors le temps des chocolats qui blanchiront d’ici l’hiver
suivant. Histoire de gagner du temps sur la déception, de l’eau coule entre les
doigts.
Comme si le ciel
reprenait lentement son cadeau, passé l’effet de joie pure. Simple vue de l'esprit, conteste la vigie, habituée qu’elle fut à prendre de la hauteur. Elle
repose à présent à l’horizontale, massant ses reins endoloris, inventant de
nouveaux voyages. En ce temps-là,
dit-elle, je me dirigeais vers mon lit
sans me douter des profondeurs que j’y découvrirais. Binh-Dû quant à
lui se suspend à son oreillette, cherchant du réseau. Puis l’objet lui échappe
des mains et pendule, renversant les perspectives. Rien ne m’est dû, tout m’est donné ?